Paysage #1
Ces photographies ont été réalisées en 1993, en Vallée d’Aure, Hautes-Pyrénées.
Bords de mer[s]
Les bords de mers sont des lieux riches et surprenants ; espace photographique véritable. Le bord de mer est le vôtre, votre lieu de détente, de loisirs, de liberté. On capte le soleil si précieux, on y lit, parle, échange… Tous les éléments s’y retrouvent, soleil, nuages, vent, lumière… Ainsi que le vide et le plein. L’élément eau arrive et se retire pour laisser place à un nouvel horizon, jamais identique car tout bouge, rien ne se fige. N’oublions pas que tout peut s’y échouer aussi… Que d’images à saisir, de quoi emplir un cadre photographique. C’est l’objectif que je suis et entreprends depuis plus d’un an. La discrétion de mon outil de travail, un simple téléphone, me permet d’être aussi libre que les acteurs qui s’y trouvent. Dans ce travail, j’intègre un tout, plein d’expérience, dont une pratique du paysage, de la mise en scène, de la série où le vide et le plein donnent une valeur au regard que je porte sur ces lieux qui s’offrent à moi, ayant l’horizon comme toile de fond.
Quand devant toi
Tu as l’océan
Tu fréquentes les abords
De ton intérieur
Guillevic
Série commise en 1989 et 1990
Les photographies de Michel Paradinas sont discontinues, emblématiques et incohérentes jusqu’au moment où on les voit dans une série. Des bruits et des silences donnent du sens à ses images. Paradinas organise la logique de son travail photographique autour d’une expression raisonnable et fortuite des présences et des absences, de tout et de rien. Les figures traversant ses images semblent entrer de quelque part en dehors du cadre au lieu d’être figé à l’intérieur. Ils semblent arriver involontairement devant son appareil, à apparaître et disparaître. La chose la plus surprenante est que ces avatars, qu’ils soient des avions ou des cyclistes, sont là pour être photographiés. Le débonnaire cavalier et l’éclair ont tous les deux une raison d’être photographiés : ils sont la cause et la preuve irréfutable d’un « moment qui s’est passé », un moment que vous ne reconnaîtrez peut-être jamais mais la preuve vivante de cette rencontre du hasard. L’instantanéité n’est jamais, pour Michel Paradinas, un tour de force, mais plutôt un récit de l’événement. Il se sert de son talent pour tracer l’action dans son cadre. Il présente sa version sans aucun cynisme. Il n’attend pas le mouvement mais l’effet de ce mouvement, un faiseur d’images, ou un « reporter-paysagiste » comme il aime se définir.
Philippe Terrancle (1990)